Tribune d'expert - Le 24 Oct 2023

đŸŽ™ïžRĂ©glementation : qui veut la peau de l’habitat inclusif ?

  Selon le Haut-Commissariat au plan, le nombre de Français ĂągĂ©s de 75 Ă  84 ans va augmenter de 50 % entre 2020 et 2030, passant de 4,1 millions Ă  6,1 millions d’individus. Une opportunitĂ© de taille pour les professionnels du logement Ă  destination des seniors. Voie alternative entre le maintien Ă  domicile et le […]

 

Selon le Haut-Commissariat au plan, le nombre de Français ĂągĂ©s de 75 Ă  84 ans va augmenter de 50 % entre 2020 et 2030, passant de 4,1 millions Ă  6,1 millions d’individus. Une opportunitĂ© de taille pour les professionnels du logement Ă  destination des seniors. Voie alternative entre le maintien Ă  domicile et le choix d’un hĂ©bergement en structure mĂ©dicalisĂ©e ou spĂ©cialisĂ©e, le dĂ©veloppement de l’habitat inclusif reprĂ©sente une vĂ©ritable solution face Ă  une demande avĂ©rĂ©e et grandissante. Dans un contexte de marchĂ© plutĂŽt difficile pour l’immobilier, cette classe d’actif reprĂ©sente un potentiel Ă  considĂ©rer pour les acteurs du secteur.
Pourtant, contre toute attente, les obstacles et les freins de tous ordres semblent se multiplier pour contrecarrer le dĂ©veloppement de l’habitat inclusif, solution pourtant idĂ©ale pour les sĂ©niors en quĂȘte de sĂ©curitĂ© et de confort, mais dont l’état de santĂ© ne justifie pas d’intĂ©grer une rĂ©sidence mĂ©dicalisĂ©e de type Ehpad.

Un frein psychologique : la faible rentabilité supposée

Le rĂ©sidentiel traditionnel est souvent considĂ©rĂ©, structurellement parlant, comme moins rentable que d’autres classes d’actifs immobiliers comme les bureaux, les commerces ou les entrepĂŽts et la logistique. L’habitat inclusif Ă©tant destinĂ© Ă  un usage rĂ©sidentiel, on lui assimile, malheureusement Ă  tort, les inconvĂ©nients financiers correspondants comme les loyers plus contraignants (encadrement ou plafonnement).

Or les modĂšles de rĂ©sidences adaptĂ©es proposĂ©es par Mobicap ne suivent pas ces postulats du rĂ©sidentiel classique. Au contraire, elles offrent une bonne rentabilitĂ© et reprĂ©sentent ainsi un produit de rĂ©sidentiel spĂ©cifique plus compĂ©titif. En effet, grĂące notamment aux prestations et services associĂ©s aux appartements proposĂ©s aux locataires, les loyers peuvent ĂȘtre rĂ©haussĂ©s par rapport au marchĂ© locatif local. Ils restent cependant beaucoup moins Ă©levĂ©s que les tarifs pratiquĂ©s au sein des instituts spĂ©cialisĂ©s ou mĂ©dicalisĂ©s ou des RSS (RĂ©sidences Services Seniors). De plus, le dĂ©veloppement de l’habitat inclusif est souvent plus important dans les zones « dĂ©tendues », hors rĂ©gion parisienne et grandes mĂ©tropoles rĂ©gionales oĂč le rendement reste traditionnellement un peu plus Ă©levĂ©.

Un frein rĂ©glementaire : des normes dĂ©connectĂ©es de l’usage

La lecture des cahiers des charges imposĂ©s aux promoteurs peut prĂȘter Ă  sourire, tant ils paraissent dĂ©connectĂ©s des rĂ©alitĂ©s. Ainsi, certaines communes contraignent les constructions destinĂ©es Ă  l’habitat inclusif Ă  ĂȘtre Ă©quipĂ©es d’un local Ă  poussettes ; Ă©quipement dont l’usage sera statistiquement nul eu Ă©gard Ă  la clientĂšle visĂ©e ! Irrationnelle encore, la rĂšglementation europĂ©enne transposĂ©e en droit interne, prĂ©voyant, depuis le 1er janvier 2023, la construction d’un ou plusieurs locaux Ă  vĂ©los. Pour un immeuble d’une cinquantaine de logements, une dizaine d’emplacements sont, ainsi, obligatoires ! Que dire de l’inanitĂ© de la mesure pour des populations par dĂ©finition peu mobiles et guĂšre enclines Ă  se dĂ©placer en deux-roues ?

Dans certaines villes, les plans locaux d’urbanisme prĂ©voient d’associer Ă  chaque logement deux places de parking. Il est d’une Ă©vidence criante que la plupart des rĂ©sidents, d’un Ăąge supĂ©rieur Ă  75 ans ou Ă  mobilitĂ© rĂ©duite, n’en auront pas l’utilitĂ©. Une contrainte qui devrait thĂ©oriquement pouvoir ĂȘtre renĂ©gociĂ©e en accord avec les services municipaux compĂ©tents ; il n’en est rien, malheureusement.

Que penser, aussi, de la nouvelle réglementation environnementale RE 2020, dont les exigences sont incompatibles avec les besoins des usagers : deux ascenseurs pour optimiser la fluidité des déplacements, des ouvrants motorisés ou encore une climatisation pour assurer une fraicheur des logements ?

Tout aussi inepte, cette dĂ©cision du Conseil d’État en date du 20 fĂ©vrier 20232, qui impose aux rĂ©sidences inclusives comportant plus de six logements de rĂ©pondre aux normes ERP (Ă©tablissements recevant du public). Cette dĂ©cision/doxa implique des Ă©volutions de plan et d’équipements extrĂȘmement onĂ©reuses, en particulier pour les programmes en cours ou dĂ©jĂ  livrĂ©s. En effet, les adaptations requises (Ă©largissement des couloirs et des escaliers ou encore crĂ©ation de sas d’attente en vue de l’évacuation en cas d’incendie, par exemple) mĂšnent, non pas Ă  de simples modifications, mais Ă  des dĂ©molitions et Ă  des reconstructions, la structure du bĂątiment Ă©tant impactĂ©e. D’autres exigences – la prĂ©sence d’un veilleur de nuit, par exemple -, sont, elles aussi, difficilement viables sur le plan Ă©conomique. Dans une rĂ©ponse ministĂ©rielle du 16 mai dernier, Dominique Faure Ă  l’époque, secrĂ©taire d’État et dĂ©sormais ministre dĂ©lĂ©guĂ©e chargĂ©e des collectivitĂ©s territoriales et de la ruralitĂ©, a annoncĂ© que « ses services ont engagĂ©, sous un format interministĂ©riel, des travaux pour faire Ă©voluer la rĂ©glementation applicable Ă  ce type de logement ». Nous en attendons le rĂ©sultat


Un frein politique : des maires peu portĂ©s sur l’immobilier rĂ©sidentiel

Les Ă©diles locaux ne veulent plus construire
et pas seulement parce qu’il se dit que les maires bĂątisseurs ne sont pas rĂ©Ă©lus. En rĂ©alitĂ©, ils n’ont guĂšre d’appĂ©tence pour la construction de nouveaux logements (ex nihilo ou consĂ©cutifs Ă  la transformation de bureaux en locaux d’habitation), car non seulement cela implique souvent de remettre Ă  plat le PLU, mais aussi parce qu’ils se privent d’une source de revenus. En effet, la taxe d’habitation a Ă©tĂ© supprimĂ©e pour les rĂ©sidences principales alors que des taxes spĂ©cifiques (TSB, notamment) sont toujours perçues pour les bureaux.

Par ailleurs, mĂȘme si l’habitat inclusif nĂ©cessite moins d’infrastructures spĂ©cifiques que le rĂ©sidentiel classique (Ă©coles, crĂšches, infrastructures sportives
), il peut quand mĂȘme gĂ©nĂ©rer un besoin supplĂ©mentaire d’équipements culturels et de transports.

La solution, un financement de l’habitat inclusif calquĂ© sur celui du logement social

Sortir des marchĂ©s conventionnels (Ile-de-France et grandes villes), c’est s’exposer Ă  des difficultĂ©s pour le financement, la gestion et l’animation in situ des rĂ©sidences. En effet, la volontĂ© affichĂ©e des politiques de rĂ©investir les territoires n’est pas suivie d’effet et, malgrĂ© les discours, la politique de centralisation reste bien ancrĂ©e.

De par son utilitĂ©, l’habitat inclusif devrait ĂȘtre financĂ© par la Caisse des dĂ©pĂŽts ou bĂ©nĂ©ficier d’un financement similaire Ă  celui du parc social. Si on veut dĂ©velopper l’habitat inclusif, la solution ne peut ĂȘtre que financiĂšre : le foncier disponible n’est pas extensible, pas plus d’ailleurs que les coĂ»ts de construction, les prix de vente et les loyers.
Finalement, seul un financement proche de celui du secteur social serait un accĂ©lĂ©rateur pour le dĂ©veloppement de l’habitat inclusif, car il permettrait de sĂ©duire les investisseurs institutionnels et les pousser Ă  s’intĂ©resser Ă  ce type d’actif.

Au moment oĂč la profession reste en apnĂ©e, attendant que la crise du logement passe, cette typologie d’actif doit ĂȘtre mise en avant Ă  la hauteur de son utilitĂ© publique et sociale et de par l’aubaine qu’elle reprĂ©sente pour les professionnels ou investisseurs. Le frein financier doit ĂȘtre levĂ© pour permettre aux acteurs privĂ©s, comme Mobicap, de poursuivre le dĂ©veloppement de ces rĂ©sidences inclusives et intergĂ©nĂ©rationnelles Ă  l’échelle nationale, un produit qui remplit tous les prĂ©requis en matiĂšre d’ISR et qui constitue Ă  bien des Ă©gards la classe d’actifs la plus attractive du marchĂ© en ce moment.

Source : 
https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2023/02/hcp_vieillissement_de_la_societe_francaise.pdf
https://www.legifrance.gouv.fr/ceta/id/CETATEXT000047218163?dateDecision=20%2F02%2F2023&init=true&juridiction=CONSEIL_ETAT&page=1&query=&searchField=ALL&tab_selection=cetat
https://www.senat.fr/seances/s202305/s20230516/s20230516003.html#cribkmk_questionorale_653_329824

À propos de Mobicap :
FondĂ© en 2018, Mobicap est un promoteur, investisseur et gestionnaire immobilier, spĂ©cialisĂ© dans la crĂ©ation et la location de rĂ©sidences inclusives, Ă©galement accessibles aux personnes en perte d’autonomie. Afin d’assurer leur confort, les appartements conçus par Mobicap sont Ă©quipĂ©s d’un systĂšme de domotique et d’un service de conciergerie dĂ©diĂ©. Par ailleurs, pour limiter l’impact de la construction sur l’environnement, Mobicap utilise des matĂ©riaux isolants engendrant une bonne performance Ă©nergĂ©tique.
Mobicap compte une trentaine de projets en cours, reprĂ©sentant prĂšs de 1 200 logements rĂ©partis sur 20 dĂ©partements français. Le groupe vise particuliĂšrement les villes moyennes, aux populations supĂ©rieures Ă  75 000 habitants, bĂ©nĂ©ficiant d’une belle qualitĂ© de vie. Pour plus d’informations : https://residence-mobicap.fr

Contact Presse Galivel & Associés
Tiphanie Rouaud – Carol Galivel – 01 41 05 02 02 / 06 09 05 48 63
galivel@galivel.com – www.galivel.com

Retour au blog